Przemyśl, une terre d’acceuil…

Par Rached Mathlouthi

La guerre en Ukraine entre dans son quatrième mois, au moment où les troupes russes concentrent leur offensive sur la dernière poche de résistance de la région de Lougansk, dans le Donbass. Depuis le début de la guerre, plus de huit millions dUkrainiens ont été déplacés à lintérieur de leur pays, selon lONU. Sy ajoutent 6,5 millions qui ont fui à létranger, dont plus de la moitié – 3,4 millions – en Pologne.

La ville polonaise de Przemyśl a vu des centaines de réfugiés traverser la frontière avec l’Ukraine depuis le début de la guerre en Ukraine. Pour de nombreux réfugiés, le train qu’ils prennent depuis Kiev est un train de l’espoir, l’espoir d’échapper aux atrocités de la guerre.

La plupart des Ukrainiens qui arrivent en Pologne sont des familles, des mères avec leurs enfants en bas âge ou leurs bébés, tandis que les pères et les frères sont restés en Ukraine pour se battre. Beaucoup d’entre eux sont reconnaissants d’avoir pu franchir la frontière.

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estime que 6 millions de personnes ont fui  l’Ukraine depuis le début de la guerre. Dans les semaines à venir si la situation devait s’aggraver, d’autres réfugiésdevraient arriver en Pologne.

À leur arrivée en Pologne, les Ukrainiens sont accueillis par des travailleurs humanitaires polonais et internationaux qui leur offrent transport, nourriture et hébergement à travers le pays.

C’est l’un des points de passages principaux pour arriver en Pologne. Si les embouteillages sont nombreux, beaucoup de réfugiés arrivent aussi à pied. Un flux continu de silhouettes emmitouflées, des femmes et des enfants en majorité. Ils racontent le bruit des sirènes et des bombes chez eux, remplacé ici par le roulement des valises sur le pavé.

lra semblait égarée. Elle est enceinte de 9 mois et tient par la main sa fille de 7 ans. «Il y a eu les avions, puis ils ont pris nos hommes pour aller à la guerre. Nous, nous avons pris 10 minutes pour prendre des affaires et partir», raconte-t-elle. «Ce que j’ai sur moi, c’est tout ce qui me reste. Il n’y a pas de quoi être soulagé : je vais accoucher bientôt, tout ce que je veux c’est être avec mon mari, chez moi.»

26, 32 kilomètres, la plupart ont marché des heures, ont porté des sacs trop gros pour ce périple, et trop petits pour contenir la vie qu’ils ont laissé derrière eux. Mais c’est l’attente, juste avant l’arrivée en Pologne qui a marqué cette autre mère de famille : «On est restés debout 8 heures à faire la queue… Nous étions peut-être 500. J’ai cru que la foule allait briser les jambes de mes enfants. J’ai pensé que nous n’arriverions jamais à en sortir», souffle-t-elle.

Des soupes, des vêtements et des soins leur sont proposés mais le voyage se poursuit. Des navettes sont prévues pour les emmener dans la ville la plus proche, Przemysl, où ils retrouvent ami ou famille ou bien sont répartis sur le territoire.

Oksana retrouve sa mère, ses enfants, ses neveux dans une foule de regards hagards et d’épaules lasses, près de monticules de vêtements et de la fumée des soupes préparées par des bénévoles. «Moi, je vais bien maintenant mais les enfants ont parcouru 32 kilomètres à pied jusquà la frontière, ils ont lair épuisé, ils ont mal aux pieds», témoigne-t-elle. 

Elle garde les mains dans les poches et les yeux baissés. «Il y a tant de monde, ce n’est pas possible», répète sa mère, Anna. Elle secoue sa tète entourée d’un fichu, des larmes coulent dans ses rides creusées. Elle tient contre son cœur un petit trieur abimé, dans sa main, un sachet plastique prêt à craquer. 

«Il fallait fuir tout de suite parce qu’il y a un site militaire près de chez nous. C’est mon seul trésor, les documents de la maison, quelques papiers, c’est tout… tout ce qui me reste», raconte-t-elle en pleurant. «Jai 64 ans, il ne me reste que ça comme patrimoine.» Cette famille a pu se retrouver, même si elle est loin de sa terre. Leur frère, lui, est resté en Ukraine.

Varsovie a longtemps crié au loup. Mais le loup est effectivement sorti du bois, un jour de 24 février, pour envahir l’Ukraine. Désormais doté d’un nouveau prestige, le gouvernement polonais déploie un activisme sans relâche en faveur de la cause ukrainienne et contre la Russie de Poutine.

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