Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, le 24 février 2022, plus de 7,7 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays. Les collaborateurs de Caritas Pologne, en Pologne même et en Ukraine «accomplissent des prouesses», assure l’œuvre d’entraide catholique, «Même dans les régions en proie aux combats, ils assurent quotidiennement un soutien aux personnes qui en ont besoin». L’aide comprend entre autres la distribution de repas chauds, de paquets de nourriture, d’articles d’hygiène et de médicaments. Les collaborateurs préparent également pour les déplacés des lieux où dormir, les placent dans des familles d’accueil, assurent un suivi psychologique et organisent des transports.
Ils dispensent cette aide d’urgence dans plus de 60 centres répartis dans tout le pays. «Ils font passer leur propre peur après l’aide aux personnes en détresse», souligne, Katarzyna Ratej, représentante de Caritas.
L’organisation aide les réfugiés ukrainiens également dans les pays voisins. 5,2 millions d’Ukrainiens ont dû s’exiler en Pologne, en Roumanie et en Moldavie depuis le début du conflit. Caritas leur a déjà distribué 1,5 million de repas chauds, 14,000 paquets de nourriture. Les collaborateurs ont également pu loger 14,500 personnes pour quelques nuits.
En Pologne également, le réseau Caritas soutient les réfugiés d’Ukraine. Avec les Caritas régionales, une aide d’urgence et une aide transitoire sont assurées. Sur mandat du Secrétariat d’État aux migrations (SEM), Caritas Pologne place, depuis les Centres d’asile, les réfugiés d’Ukraine qui désirent loger dans des familles. Caritas Pologne assure également la représentation juridique des personnes qui entrent dans la procédure d’asile ordinaire.
«Je n’ai pas vu la guerre directement – car je ne suis pas allé dans les zones touchées par le conflit -, mais Je l’ai vue sur les visages affligés des enfants, des femmes et des hommes ukrainiens rencontrés». Telle est l’une des principales images que garde Katrazyna de sa mission en Pologne. Et d’ajouter : « J’y ai rencontré des réfugiés ukrainiens: leur souffrance, leur désarroi m’ont fait souffrir. Ces gens ont fui pour sauver leur vie mais, d’une certaine manière, ils l’ont perdue parce qu’ils ont laissé tout ce qu’ils avaient et que leur monde a été brisé. Je me souviens d’une femme, désespérée parce qu’elle avait oublié de prendre son téléphone portable lors de sa fuite: elle avait l’impression d’avoir perdu tous ses liens. »
« La guerre ne va pas se terminer avec un simple accord de paix », mais il faudra « guérir les âmes et la mémoire », dans un contexte de traumatisme qui marquera à vie des millions d’Ukrainiens, ont expliqué les responsables des antennes locales de Caritas le 16 mai 2022 lors d’une conférence de presse organisée au siège de Radio Vatican. Les responsables de Caritas Ukraine et de Caritas Spes, des organismes respectivement liés à l’Église gréco-catholique et à l’Église catholique latine, ont détaillé les opérations menées depuis le début de l’offensive russe, le 24 février dernier.
1,8 millions de réfugiés sont des enfants
Cette guerre a provoqué des mouvements de population d’une ampleur inédite en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Plus de 14 millions de personnes ont dû quitter leur maison, soit un tiers de la population ukrainienne. 1,8 millions de réfugiés sont des enfants, a précisé Aloysius John, le secrétaire général de Caritas Internationalis. L’Ukraine vit un « cauchemar », a-t-il expliqué, précisant que le coût de la reconstruction est actuellement évalué à 600 milliards de dollars, et que 116 églises ont été détruites.
Le réseau Caritas est mobilisé en Ukraine mais aussi dans les pays limitrophes, où « les femmes et les enfants deviennent facilement victimes du trafic humain », s’est-il alarmé. Il a aussi souligné que le monde entier commençait à souffrir des conséquences de cette guerre, avec des difficultés d’approvisionnement alimentaire, la crise de l’énergie, et le risque de récession mondiale.
Par ailleurs, la hausse des investissements militaires se fera au détriment des dépenses sociales et de l’attention à d’autres situations de crise dans le monde. « Les pauvres vont payer le plus lourd tribut », a averti le secrétaire général de Caritas Internationalis.